3 questions à Nathalie Fontanet

L’invitée : Nathalie Fontanet, Conseillère d’Etat

Avez-vous une vue plus précise des effets des décisions américaines sur les emplois à Genève ?

Les coupes américaines s’inscrivent dans un contexte de désengagement financier généralisé. Ce sont donc plusieurs milliers d’emplois qui sont concernés avec, à terme, un risque de fragmentation du système. Notre inquiétude porte notamment sur la délocalisation de fonctions essentielles, menées par souci d’économies plutôt que d’efficacité.

Vous avez interpellé très tôt le Conseil fédéral, avez-vous eu des signes plus concrets sur son engagement ?

L’enjeu ne se limite pas à défendre des emplois locaux. C’est l’héritage d’un système de valeurs qui font partie de l’identité même de notre pays qui est en jeu. Il est important que la Suisse prenne toute la mesure de la gravité de la situation et donne un signal fort. De notre côté nous avons déposé, le 21 mai devant le Grand Conseil, un projet concret pour aider les forces vives de la Genève internationale à s’adapter aux défis structurels résultant de la crise actuelle, élaboré en concertation avec le DFAE. Sa mise en œuvre prévoit la création d’une fondation, co-fondée par le Canton de Genève et la Fondation Hans Wilsdorf, qui contribueront à hauteur de 25 millions chacun. Charge à cette structure baptisée Fondation pour l’adaptation de la Genève internationale (FAGI) de rechercher des fonds supplémentaires au regard des besoins.

Vous avez aussi évoqué la nécessité pour la Genève internationale d’initier des réformes, avez-vous de votre part des suggestions à formuler ?

Si les réformes doivent émaner des organisations elles-mêmes et de leurs membres, nous devons leur accorder le temps nécessaire. Nous pouvons aussi offrir des solutions innovantes, numériques et collaboratives, dont des nouveaux modèles de financement. La Suisse doit s’affirmer comme laboratoire d’idées pour le multilatéralisme de demain. Malgré le coût de la vie, nos atouts demeurent: une coordination sans failles entre autorités hôte, un aéroport performant et une diversité inégalée de parties prenantes, notamment académiques.